Thème 5 : Les marchés des biens et services sont-ils concurrentiels ?
ANNEXE 1 : Le marché
Etymologie : du latin mercatus, commerce, marché.
Dans le sens premier, le marché désigne le lieu où des producteurs (commerçants, artisans, paysans) se rassemblent pour proposer directement leurs produits aux consommateurs.
En économie, par extension, le marché est un système d'échanges où se rencontrent l'offre (les vendeurs) et la demande (les acheteurs). […] Le marché, qui concerne aussi bien les échanges de biens, de services que les échanges actifs financiers et immobiliers, est l'un des concepts fondamentaux de l'économie. […]
Dans une économie de marché, la production et les prix sont régulés par la loi de l'offre et de la demande, contrairement à l'économie dirigée ou planifiée. […] Les partisans du libre-échange considèrent que les contraintes de l'Etat sur les quantités offertes ou achetées, ou sur le niveau des prix, font perdre au marché son efficacité, en ne permettant d'approcher ni le juste prix, ni l'optimum des ressources.
Définissez la notion de marché en économie.
Donnez des exemples de marché.
Expliquez pourquoi l’économie française est qualifiée d’économie de marché.
SITUATION : La boulangerie-pâtisserie A produit commercialise les produits classiques de son secteur d’activité. Devant la recrudescence de la demande, cette entreprise mise de plus en plus sur les produits de restauration rapide (sandwichs, salades composées, quiches et pizzas individuelles, wraps, …).
La ville de Champigneulles où se situe cette entreprise comprend quatre autres boulangeries. Les parts de marché (calculées à partir des chiffres d’affaires) dans le secteur « boulangerie-pâtisserie » de chacune sont les suivantes : boulangerie A (10%), boulangerie B (15%), boulangerie C (20%), boulangerie D (25%), boulangerie E (20%).
Définissez la notion de concurrence.
Identifiez les intervenants sur le marché des produits de boulangerie-pâtisserie.
Calculez l’indice de concentration du marché de la « boulangerie-pâtisserie » à Champigneulles avec l’indice de l’IHH.
A partir de cet indice, qualifiez la structure de ce marché.
Indice régulièrement utilisé pour apprécier la nature de la concentration d’un marché, notamment afin d’identifier ou non la possibilité d’une situation de position dominante. Pour cette raison, il est utilisé par la Commission européenne qui retient la définition illustrée suivante : « Indice de concentration du marché, c’est-à-dire de la mesure dans laquelle un petit nombre d’entreprises représentent une grande partie de la production. L’IHH est utilisé comme un indicateur possible du pouvoir de marché ou de la concurrence qui s’exerce entre entreprises. Il mesure la concentration du marché en additionnant les carrés des parts de marché de toutes les entreprises du secteur. Lorsque, par exemple, sur un marché comptant cinq entreprises, chacune d’elles détient une part de marché de 20 %, l’IHH est alors égal à : 400 + 400 + 400 + 400 + 400 = 2 000. Plus l’IHH d’un marché donné est élevé, plus la production est concentrée entre un petit nombre d’entreprises. D’une manière générale, lorsque l’IHH est inférieur à 1 000, la concentration du marché est considérée comme faible, lorsqu’il est compris entre 1 000 et 2000, elle est considérée comme moyenne et lorsqu’il est supérieur à 2000, elle est considérée comme élevée. ». 10 000 représente le maximum de l’indice (situation de monopole). Entre 2000 et 8000, on parle généralement d’oligopole.
ANNEXE 2 : Les structures de marché
Un marché concurrentiel est un marché sur lequel il y a beaucoup d'acheteurs et de vendeurs du même bien ou service. Plus précisément, la caractéristique clé d'un marché concurrentiel est qu'aucune action individuelle ne peut avoir d'influence notable sur le prix auquel le bien ou le service est vendu.
Dans un marché en situation de monopole, seule une entreprise vend un produit ou livre un service donné, ce qui lui confère un fort pouvoir de marché. L'entreprise qui détient le monopole, donc l'offreur, fixe et change librement ses prix de vente puisqu'elle n'est pas soumise à la concurrence.
Un oligopole est une situation de marché où il existe une multitude de demandeurs et quelques offreurs. La concurrence imparfaite est généralement défavorable aux consommateurs car en situation de monopole ou d'oligopole, les entreprises ont un pouvoir de marché.
Marché dans lequel il n'y a qu'un petit nombre de vendeurs, en principe de grande dimension, en face d'une multitude d'acheteurs.
Les entreprises tentent d'augmenter leur pouvoir de marché car cela leur permet d'être faiseuses de prix et donc d'augmenter leur profit.
Espace de marché dans lequel un produit ou une marque est en compétition avec d’autres produits ou marques que l’acheteur juge substituables. Au sein d’une même catégorie de produits, il peut y avoir plusieurs marchés pertinents selon l’offre (par exemple le luxe et le bas de gamme pour l’hôtellerie) et un marché pertinent peut regrouper plusieurs catégories de produits (par exemple l’avion et le train pour le transport interurbain).
Au sein d’une zone géographique donnée, lieu où se rencontrent l’offre et la demande de produits et/ou de services que le consommateur considère comme substituables en raison de leurs caractéristiques, de leur prix et de l'usage auxquels ils sont destinés. Le marché pertinent sert, aux autorités de la concurrence, à déterminer s’il y a (ou non) une position dominante. Exemple : en 1992, les autorités de la concurrence ont autorisé la fusion Perrier/Nestlé considérant que l'eau minérale n'appartenait pas au même marché que les boissons non alcoolisées sucrées.
Dans un même quartier, peut-on considérer qu’un fast-food de hamburger, un kebab et une pizzéria sont concurrents ? Pourquoi ?
Peut-on dire que les entreprises Apple et Mercedes sont sur le même marché pertinent ? Pourquoi ?
Pourquoi la fusion Perrier/Nestlé a-t-elle été autorisé ?
Selon vous, pourquoi la fusion Coca-cola/Orangina n’a-t-elle pas été autorisée en 1999 ?
Selon vous, la concurrence sur les marchés est-elle favorable pour les consommateurs ?
SITUATION : A Champigneulles, Il y a aussi deux pizzérias, deux kébabs, un vendeur de burgers et une boucherie qui proposent aussi des produits de restauration rapide. En ce qui concerne le marché local de la restauration rapide, les parts de marché sont les suivantes : Pizzéria A (15%), Pizzéria B (5%), Kébab A (10%), Kébab B (5%), vendeur de burgers (11%), boucherie (9%), boulangerie A (8%), boulangerie B (5%), boulangerie C (12%), boulangerie D (13%), boulangerie E (3%).
En utilisant la notion de marché pertinent, expliquez si toutes ces entreprises sont en concurrence ?
Calculez l’IHH de ce marché local de la restauration rapide et qualifiez la structure du marché.
Ce marché est-il plus ou moins concurrentiel que le marché de la boulangerie-pâtisserie ? Pourquoi ?
Selon vous, quel est l’intérêt d’un monopole et d’un oligopole pour le producteur ?
ANNEXE 4 : Amende record de la Commission Européenne
La Commission européenne a infligé une amende totale de 31 647 000 d'euros à Coroos et au groupe Cecab pour avoir enfreint les règles de l'UE en matière de pratiques anticoncurrentielles. Aucune amende n'a été infligée à Bonduelle, car elle a révélé l'existence de l'entente à la Commission.
La Commission a établi que Bonduelle, Coroos et le groupe Cecab ont participé pendant plus de treize ans à une entente portant sur la fourniture de certains types de conserves de légumes à des détaillants et/ou des entreprises du secteur de la restauration dans l'Espace économique européen (EEE). Les trois entreprises ont reconnu leur participation à l'entente et ont accepté de conclure une transaction.
Mme Margrethe Vestager, commissaire chargée de la politique de concurrence, a fait la déclaration suivante : « Il convient que les consommateurs européens aient accès à des denrées alimentaires vendues à des prix abordables. Et la concurrence le permet. Mais au lieu de se livrer mutuellement concurrence, Coroos et le groupe Cecab se sont entendues pour se partager le marché et pour fixer les prix des légumes en conserve dans l'ensemble de l'Europe. Et ce pendant plus de dix ans. Au final, ce sont les consommateurs européens qui sont lésés par ces ententes, et avec la décision adoptée ce jour, nous envoyons un message clair aux entreprises : les ententes ne sont pas acceptables ». […]
Il est ressorti de l'enquête de la Commission qu'il s'agissait d'une infraction unique comprenant trois accords séparés :
Un accord portant sur les ventes aux détaillants de l'EEE, sous marque de distributeur, de légumes en conserve comme les haricots, les petits pois, les mélanges de petits pois et carottes et les macédoines de légumes ;
Un accord portant sur les ventes aux détaillants de l'EEE, sous marque de distributeur, de maïs doux en conserve, et
Un accord portant spécifiquement sur les ventes de légumes en conserve effectuées, tant sous leur propre marque que sous marque de distributeur, aux détaillants et au secteur de la restauration en France.
ec.europa.eu
A partir de l’annexe 4, répondez aux questions :
Identifiez l’institution qui a pris une décision.
Quelles sont les entreprises sanctionnées ?
Pourquoi sont-elles sanctionnées ?
Précisez le risque pour les consommateurs de ce type de pratique anticoncurrentielle.
Pourquoi ces entreprises ont-elles adopté ce comportement ?
ANNEXE 5 : Décision de l’Autorité de la concurrence
L’Autorité de la concurrence, Vu le dossier de notification adressé au service des concentrations le 21 septembre 2009 […], relatif à l’acquisition de 37 stations-service du réseau Shell par la société Total Raffinage Marketing SA (ci-après « TRM »), formalisée par un contrat de cession d’actifs conclu entre TRM et Shell le 6 juillet 2009 ; […] Adopte la décision suivante :
[…] Sur les agglomérations de Reims, Mérignac, Toulouse et Béziers, Paris et Lille, l’opération n’entrainera pas d’augmentation significative de la concentration du marché. Pour toutes ces agglomérations, l’indice de concentration IHH après l’opération sera inférieur à 2000 […]. De plus, sur toutes ces agglomérations, l’entité fusionnée fera face à la concurrence des GMS et d’autres pétroliers. Sur les agglomérations d’Aubagne, Sainte-Maxime et Arras, l’opération aboutit à une augmentation significative de la concentration du marché (IHH supérieur à 2000 […]). Toutefois, TRM n’est en position de leader sur aucune de ces agglomérations : Auchan réalise [20-30] % des ventes à Aubagne, Leclerc [30-40] % à Arras et Géant [30-40] % à Sainte-Maxime. De plus, plusieurs autres GMS sont présentes sur ces trois zones ainsi que plusieurs pétroliers. En ce qui concerne Belfort, on dénombre, sur la zone considérée, 12 stations-service dont [Confidentiel] appartiennent à TRM. A l’issue de l’opération, TRM disposera d’une station-service supplémentaire. TRM réalise une part de marché en volume de [30-40] % qui atteindra [30-40] % après l’acquisition de la station-service Shell. […] L’indice de concentration (IHH) atteindra [2500-3000] après l’opération […] : l’opération conduit donc à une concentration significative du marché. Toutefois, il convient de relever que, même si l’opération renforcera le leadership de TRM sur cette zone, l’entité fusionnée restera concurrencée par les stations-service attenantes aux hypermarchés Leclerc, Auchan et Cora qui, chacune, réalise environ 20% des ventes (Leclerc : […] ; Auchan : […] et Cora : […]) et sont susceptibles d’adopter une politique de prix agressive. TRM sera aussi concurrencé, quoique plus marginalement, par un pétrolier (Avia : [0-5] %). Il ressort des éléments exposés ci-dessus que l’opération n’est pas susceptible de porter atteinte à la concurrence sur l’ensemble des marchés concernés par l’opération. DECIDE Article unique : L’opération notifiée sur le numéro 09-0069 est autorisée.
A partir de l’annexe 5, répondez aux questions :
Identifiez l’institution qui a pris une décision.
Quel est l’objet de cette décision ?
En quoi ce projet de TRM peut-il nuire à la concurrence ?
Identifiez la décision de l’Autorité de la concurrence.
Repérez les raisons qui ont conduit à cette décision.
SITUATION : Le marché du pain à Champigneulles a fait l’objet d’une étude par des étudiants en économie. La demande émane des consommateurs et l’offre émane des producteurs. La colonne Offres’ contient les réponses agrégées des boulangers lorsque les étudiants ont évoqué l’hypothèse d’une hausse du prix du blé de 20% en raison d’une sécheresse. Les résultats sont les suivants :
Pourquoi la demande est une fonction décroissante du prix ? Rappelez l’objectif d’un consommateur rationnel.
Pourquoi l’offre est une fonction croissante du prix ? Rappelez l’objectif du producteur rationnel.
A votre avis, à quel prix le marché du pain permet-il de satisfaire les consommateurs (demandeurs) et les producteurs (offreurs) ?
Que se passerait-il si les boulangers fixaient le prix du pain à 1,10€ ? à 0,90€ ?
Que constatez-vous en observant les données et la courbe concernant l’offre’ ? A votre avis pourquoi ?
Parenthèse Lorraine :
Si la demande de mirabelles est plus forte que l’offre, quel est l’impact sur le prix d’équilibre ?
Si L’offre de mirabelles se réduit à cause des conditions météorologiques alors que la demande reste stable, quel sera l’impact sur le prix d’équilibre ?
Si l’offre et la demande de mirabelles augmentent dans les mêmes proportions, quel est l’impact sur le prix d’équilibre ?
Si les coûts de production des mirabelles augmentent, quel serait l’impact sur le prix de vente ? et sur la demande ?
SITUATION : Les coûts, recettes et bénéfices de la boulangerie A
Retrouvez par le calcul le coût marginal pour 200 baguettes par jour.
Retrouvez par le calcul, le coût moyen de 200 baguettes par jour.
Identifiez quelle quantité de baguettes doit être produite pour maximiser les profits de la boulangerie.
Afin de pouvoir vendre une baguette de pain à un prix plus attractif tout en conservant sa marge, que pourrait faire le boulanger ? Quel serait le risque ?
SITUATION : Selon les données de l’étude, si le prix du pain passait de 1€ à 1,50€, la demande de pain passerait de 3000 à 1500 par jour.
Calculez l’élasticité-prix de la demande de pain.
La demande de pain est-elle élastique ? Expliquez.
Selon vous, un boulanger à Champigneulles doit-il en tenir compte ?
ANNEXE 6 : L’élasticité-prix de la demande (defense-du-consommateur.ooreka.fr)
L'élasticité-prix de la demande est un outil qui permet de mesurer comment la demande d'un bien réagit après une variation de son prix. […]
L'élasticité prix de la demande est le rapport entre le taux de variation de la demande et le taux de variation du prix du produit :
Élasticité-prix de la demande = taux variation demande ÷ taux variation prix.
Exemple : une augmentation du prix des chaussures vertes de 5 % a entraîné une baisse des ventes de 8 %, l'élasticité prix de la demande des chaussures vertes est de – 1,6 (soit – 8 % ÷ 5 %).
Exemple : le prix des chaussures vertes passe de 80 € à 84 €, son volume de vente est passé de 125 paires vendues en un mois à 115 paires vendues le mois suivant, l'élasticité prix de la demande est de ((115 paires – 125 paires) ÷ 125 paires) ÷ ((84 € – 80 €) ÷ 80 €) = 1,6.
Si l'élasticité-prix de la demande d'un bien est nulle, cela signifie que la variation, à la baisse comme à la hausse, du prix, n'a aucun effet sur la demande de ce bien.
C'est le cas pour les biens de première nécessité. On les appelle les biens Giffen, du nom de l'économiste Robert Giffen.
Pour les biens normaux, l'élasticité-prix de la demande est négative puisqu'il y a une relation inverse entre le prix et la demande : Si le prix augmente, la demande baisse ; Si le prix baisse, la demande augmente.
Pour une certaine catégorie de biens, l'élasticité-prix est positive. Cela signifie que la demande augmente quand le prix augmente.
Ce phénomène concerne les biens de luxe, aussi appelés biensVeblen, du nom de l'économiste Thorstein Veblen. C'est par effet de snobisme que les gens achètent ces produits.
L'élasticité-prix de la demande est calculée par les entreprises pour fixer un prix de vente.
L'élasticité-prix croisée est définie comme le rapport entre le taux de variation de la quantité demandée d'un bien A et le taux de variation du prix d'un autre bien B. Selon le résultat de ce calcul, les biens A et B sont dits « de substitution » ou « complémentaires », Une élasticité croisée positive signifie que l'augmentation du prix d'un bien entraîne l'augmentation de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont donc substituables. Par exemple, l'augmentation du prix du ticket de cinéma augmente la demande en lecteur DVD.
Une élasticité croisée négative signifie que l'augmentation du prix d'un bien entraîne la diminution de la demande d'un autre bien. Les deux biens sont alors dits complémentaires. Par exemple, l'augmentation du prix du carburant entraîne une diminution de la demande sur les voitures.
Une élasticité croisée nulle signifie que les deux biens sont indépendants
SITUATION : Certains boulangers ont fait remarquer un point important aux étudiants qui leur rendaient visite. Depuis que les deux restaurants kébab ont baissé leurs prix de 15%, les ventes de sandwichs dans les boulangeries auraient baissé de 20%.
Calculez l’élasticité-prix croisée de la demande de sandwichs. Ces biens semblent-ils complémentaires ou substituables ?
SITUATION : Mattéo, déjà titulaire d’un CAP boulangerie vient d’obtenir un BP boulangerie. Il souhaite se mettre à son compte et convoite un local disponible au centre-ville de Champigneulles. Il se rend compte néanmoins que ce projet se heurte à certaines difficultés.
Quels sont selon vous les barrières à l’entrée du marché de la boulangerie-pâtisserie à Champigneulles ?
En quoi les barrières à l’entrée sur un marché peuvent-elles influencer la concurrence ?
La stratégie des entreprises doit-elle prendre en compte les barrières à l’entrée ?
Le consommateur peut-il bénéficier des stratégies d’innovation des entreprises ? Prenez appui sur des exemples d’innovation qui vous ont concerné ?
La théorie néoclassique traditionnelle en économie repose à l'origine sur une hypothèse de fluidité des facteurs de production permettant aux entreprises de passer facilement d'un marché à l'autre. C'est alors un moyen de régulation : si des profits particulièrement élevés sont réalisés sur un marché, les entreprises vont réallouer leurs ressources vers ces derniers, accentuant la concurrence et réduisant ainsi le niveau des profits. Les entreprises passeraient alors en permanence des marchés les moins rentables vers les plus rentables.
[…], il existe en réalité des barrières à l'entrée du marché :
L'existence d'économies d'échelle peut limiter le nombre d'entreprises pouvant exercer de manière efficiente sur un marché (le cas limite étant celui du monopole naturel où la situation la plus efficiente est celle ou un seul offreur est présent sur le marché).
Les investissements matériels nécessaires peuvent être considérables souvent justement parce que les quantités minimales à produire pour être compétitifs sont importantes, mais aussi parce qu'il s'agit d'une industrie à forte intensité capitalistique.
A cela il faut ajouter un effet d'apprentissage qui permet de réduire - de manière plus ou moins marquée d'une industrie à l'autre - les coûts de production avec l'expérience (d'où la fameuse courbe d'expérience mettant en relation production cumulée et coûts de production unitaires). Les nouveaux entrants, sauf à utiliser une technique de production radicalement différente, ont alors des coûts de production supérieurs à ceux qui ont déjà cumulé une certaine expérience.
Les compétences à réunir pour entrer sur un marché peuvent être considérables, nécessitant alors des investissements immatériels importants (par exemple - mais pas uniquement - en R&D). […]
L'image et la notoriété peuvent jouer un rôle important dans les choix des consommateurs sur certains marchés. Les investissements publicitaires nécessaires pour les pénétrer de manière significative peuvent alors être considérables.
Les autorités peuvent également mettre en place des barrières réglementaires, par exemple pour protéger des producteurs nationaux (droits de douane, quotas) ou pour des raisons de sécurité (autorisation de mise sur le marché pour les médicaments).
Les entreprises en place peuvent elles-mêmes avoir mis en place des obstacles de nature juridique comme par exemple les droits de la propriété intellectuelle (brevets, marques, modèles et dessins, droits d'auteur...)
En conséquence, des marchés fortement rentables peuvent le rester sur de longues périodes sans que la position des entreprises en place ne soit remise en cause. Les barrières à l'entrée jouent donc un rôle important dans les analyses de la dynamique concurrentielle. La menace d'arrivée de nouveaux entrants n'est toutefois que l'une des menaces susceptibles de remettre en cause la situation d'entreprises présentes sur un marché où le niveau de profit global est élevé. M. Porter a aussi mis en exergue les risques liés à la menace d'arrivée de produits de substitution ou le pouvoir de négociation des fournisseurs et des clients. Si la construction de barrières à l'entrée peut être l'un des aspects importants de la stratégie d'une entreprise, elle ne doit, en règle générale, pas en être la composante principale.
Ce thème des barrières à l'entrée des marchés est important dans le cadre du management de l'innovation et des droits de la propriété intellectuelle, car, si ces barrières peuvent gêner l'arrivée de nouvelles entreprises sur un marché, c'est justement l'innovation qui permet souvent de faire tomber partiellement ces barrières. L'innovation est en effet susceptible de réduire l'effet des économies d'échelle (il s'agit alors souvent d'innovations de procédé comme les mini-aciéries), peuvent rendre obsolètes les investissements réalisés par les concurrents, peut permettre de basculer d'une courbe d'expérience à l'autre ou de remettre en cause les compétences clés sur un marché. De même, les droits de la propriété intellectuelle sont conçus pour jouer le rôle de barrières à l'entrée. Mais ils peuvent aussi être utilisés pour y accéder. On voit ainsi se développer dans certains secteurs des stratégies de dépôt de brevets destinées principalement à accéder aux technologies d'autres entreprises via des accords de licences croisées.
Complétez le schéma suivant :
E5 : L'intensité de la concurrence selon les marchés
I Qu'est-ce que le marché ?
Notre économie repose essentiellement sur le marché. Le marché est un système d'échanges où se rencontrent des offreurs et des demandeurs.
Il concerne des échanges de biens, services et facteurs de production.
Géographiquement, il peut être local, régional, national, international.
La confrontation/négociation entre l'offre et la demande détermine le prix d'équilibre.
II La loi de l'offre et de la demande
Si la demande des acheteurs est supérieure à l'offre des vendeurs, le prix augmente.
Si c'est l'offre qui excède la demande, alors le prix diminue.
III La concurrence pure et parfaite (marché concurrentiel)
Les mécanismes de marché (offre, demande, prix) fonctionnent correctement si le marché est parfaitement concurrentiel : on parle de marché de concurrence pure et parfaite.
Cette concurrence sera pure et parfaite si (notamment) :
_Il y a atomicité (multitude d'offreurs et de demandeurs)
_Il y a transparence du marché (information parfaite des intervenants)
_Il y a absence de barrières à l'entrée (possibilité d'entrée sur le marché)
Ces critères sont rarement réunis, donc le plus souvent les marchés fonctionnent en situation de concurrence imparfaite.
IV Les moyens de réduire l’intensité concurrentielle
Sur un marché concurrentiel, le prix dépend de l'offre et de la demande. Donc une entreprise ne peut à elle seule influencer les conditions de marché. Mais en réalité, les entreprises tentent d’échapper à ce mode de fixation du prix qui ne leur est pas favorable. On parlera de marchés de concurrence imparfaite.
A. L’oligopole
Un oligopole est un marché comprenant très peu d’offreurs et de nombreux demandeurs. Chaque offreur doit donc tenir compte des services et des prix proposés par les autres entreprises pour établir son offre.
Les oligopoles sont très nombreux : la grande distribution alimentaire, les chaussures de sports, les sodas, le transport aérien, etc.
Les entreprises ont deux stratégies possibles. Elles peuvent mener entre elles une guerre des prix, pour conquérir le plus d’acheteurs possible, ou bien s’entendre, pour éviter une concurrence par les prix qui limite leur profit.
L’oligopole est une situation particulièrement instable, car il suffit qu’un des offreurs modifie sa stratégie ou qu’un nouvel offreur entre sur le marché pour que les conditions concurrentielles changent.
Les ententes sont des accords, formalisés ou non entre plusieurs entreprises, en vue de se partager le marché et de maintenir un niveau de prix élevé. Elles ont pour conséquence de fausser la concurrence, et d’être ainsi préjudiciables aux consommateurs. Elles sont donc interdites.
Les ententes qui restreignent la concurrence sont sanctionnées par l’Autorité de la concurrence et par la Commission européenne.
Cependant, les ententes qui ne restreignent pas la concurrence sont autorisées, car elles peuvent être favorables au progrès.
B. Le monopole
Historiquement, de nombreuses activités étaient des monopoles : la distribution d’électricité, le courrier, le transport aérien intérieur, la distribution de gaz …
Un monopole est une situation de marché présentant un seul offreur face à de nombreux demandeurs.
Le monopole existe quand il y a une barrière à l’entrée du marché qui peut être légale, due à des coûts d’entrée importants, à une avance technologique ou au contrôle d’une ressource rare.
Le monopole donne un pouvoir de marché à l’unique offreur qui fixe son prix de vente. L’offreur peut négliger la qualité et l’innovation, ce qui peut être préjudiciable aux acheteurs.
L’État favorise l’ouverture du marché à la concurrence. L’entrée de nouveaux offreurs face à l’entreprise en situation de monopole va permettre de stimuler les offreurs qui, pour conquérir ou garder des clients, vont proposer des offres intéressantes et faire baisser les prix.
C. La concurrence monopolistique
Une entreprise tente d’obtenir les avantages du monopole en se différenciant de ses concurrents. Elle peut se différencier en lançant régulièrement des innovations, en proposant des produits de meilleure qualité, ou grâce à une image de marque prestigieuse. Lorsqu’une entreprise commercialise un produit ou un service perçu comme unique, elle est seule sur le marché. Pendant un certain temps, elle détient un monopole, et donc, un pouvoir de marché.
Cette stratégie permet à l’entreprise d’échapper à la fixation du prix par la loi de l’offre et de la demande et ainsi de réaliser des profits importants. Cette situation étant temporaire, il faut sans cesse effectuer des investissements de recherche et de communication pour toujours pouvoir se différencier.
Cette concurrence monopolistique favorise l’innovation mais favorise aussi des prix élevés.
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